Interview

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La photo, pour vous, c'est quoi ?

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ReflexPhoto donne la parole aux photographes du Forum en leur demandant de s'exprimer sur leur vision personnelle de la photographie.
Vaste sujet que chacun est libre de traiter selon l'angle qui lui convient.
Aujourd'hui, c'est Flip qui nous confie son approche. Qui pourrait s'intituler:
                      "La photographie comme une promenade"
Aux antipodes du travail de studio ou des missions de reportage dont les objectifs sont fixés dès avant le premier shot, la démarche de Flip s'inscrit dans la spontanéité, la découverte sans cesse renouvelée de l'instant présent.
Toute son approche de la photo en découle. Y compris, je crois, son passage à l'argentique, après des débuts en numérique.

Explications:

- Qu'est-ce qui t'a amené à la photo ?

Adolescent, je suis parti une semaine en Italie avec ma petite amie et un Leica généreusement prêté par mon père. Le bilan fut plutôt dramatique, puisque je me suis fait piquer les deux. Fruit de ce traumatisme ou simple hasard de la vie, je ne me suis véritablement ré-intéressé à la photo que plus de 20 ans plus tard, après une autre déception amoureuse, cette fois-ci avec la musique. En y réfléchissant bien, j'ai aussi le souvenir, tout gamin, d'après-midis pluvieux passés dans le labo photo avec mon père ou mon frère aîné... l'odeur des produits chimiques, l'image naissant miraculeusement sur le papier... même si je n'étais alors que simple spectateur.


- Qu'est-ce qui te plaît dans la photo ?

La même chose que ce qui me plaisait dans la musique, à savoir la part laissée à l'improvisation. Mais cette fois-ci, avec un avantage majeur : la technique, même si elle est utile, n'est pas toujours un facteur limitant. Si l'on joue d'un instrument et qu'on arrête de faire ses gammes pendant quelques jours, la reprise est difficile. La photo, fort heureusement, n'est pas si ingrate. En revanche, même si la théorie élémentaire peut être rapidement assimilée, les plus curieux et passionnés y trouvent des possibilités d'évolution et d'apprentissage illimitées...


- Quels sont tes photographes préférés ?

J'aime une foule de choses différentes, et je me garderais bien de n'en citer que quelques-uns - en plus, il m'en reste sûrement des milliers à découvrir, connus et inconnus ! En général, je suis surtout sensible au noir et blanc, à la photo de rue et aux portraits pris sur le vif. J'admire les photographes dont le principal secret réside, bien au-delà du matériel et de la technique, dans l'art de savoir aborder les gens, de capter et de projeter en image l'essence de leur vie, leur âme. En ce sens, l'un de mes photographes préférés sur RP est Ivan Constantin (Ivan70), je trouve son travail et son évolution absolument admirables.


- Comment décrirais-tu ton approche, quels sont tes sujets de prédilection ?

Ma seule « approche », si c'en est une, se limite à succomber au charme de l'instant. Je suis donc totalement passif : je me contente d'observer. J'envie les photographes de studio capables de « créer » une image, un univers, à partir d'une idée dans leur tête. Je n'ai pour ma part aucune imagination, je ne suis sensible qu'à ce qui m'entoure. Ce qui est certain, c'est que lorsque j'ai un appareil à la main, il m'est souvent difficile d'échapper à l'obsession : quand on y pense, il y aurait des photos à prendre partout, constamment...


- Y a -t-il des choses que tu t'interdis à la PDV ?

J'aime photographier les gens, mais un simple regard me suffit souvent à savoir si je dois déclencher ou pas. Même si j'avoue m'être quelque temps caché derrière un gros zoom, aujourd'hui je ne travaille qu'au grand angle. Qu'il s'agisse d'une thérapie pour tenter de vaincre ma timidité ou d'une bonne grosse dose de masochisme, je me force à travailler avec un matériel qui m'oblige d'une part à bouger et à m'approcher, et d'autre part à prendre mon temps. Maintenant, même quand j'arrive à surmonter cette difficulté auto-imposée, fier de rentrer chez moi avec des images souvent gagnées à la sueur de mon égo, je m'adonne encore, a posteriori, à l'autocensure. Car en réalité, il s'avère que parmi les gens qui acceptent d'être photographiés, certains ont simplement eu du mal à refuser sur le moment... et ils le regrettent ensuite. Ça se sent dans la pose, l'expression, ou le regard. À la moindre sensation de gêne non contrôlée que je crois détecter dans le sujet photographié, la photo reste à l'état du RAW ou du négatif...


- Quel est ton rapport à la retouche ?

Je ne suis pas très retoucheur, mais je ne suis certainement pas contre. En fait, ce qui m'importe vraiment, c'est le fond. Il me faut une « vraie » image à la sortie du capteur ou sur le négatif. Au cinéma, je peux prendre plaisir à voir un film bourré d'effets spéciaux... mais si le scénario est nul, ça ne va pas plus loin. Bien que ce soit une appréciation très subjective, une image sans âme à la prise de vue reste finalement ce qu'elle est, même après le meilleur travail de retouche du monde. J'avoue pousser quelquefois un grand « wow » en ouvrant une vignette (et mourir de jalousie de ne pas savoir faire la même chose), mais ça s'arrête là. Ce qui est sûr, c'est que j'applaudis les gens qui maîtrisent la retouche et l'utilisent de façon contrôlée et cohérente au service de leur art, et il y en a pas mal qui font çà très bien sur RP. Pour ma part, je me limite le plus souvent à tamponner les poussières et autres traces présentes sur le négatif, puis à travailler les contrastes, niveaux, courbes, en utilisant quelquefois des calques. Je peaufine pratiquement toujours avec les outils de densité - le plus souvent même, je n'utilise qu'eux. J'avoue faire tout ça un peu trop à la va-vite, ce n'est pas la partie qui m'intéresse le plus, mais je suis conscient que le contrôle des techniques de retouche est une étape importante de la mise en valeur de l'image.


- Comment décrirais-tu l'évolution de ta pratique ?

Je m'ennuie vite si je fais toujours la même chose, c'est pour çà que je vais un peu dans toutes les directions. Pour cela, mon parcours est davantage une sorte de gesticulation qu'une véritable évolution. J'ai commencé par le numérique, puis je suis passé à l'argentique à la fois par lassitude et curiosité. J'en suis pour l'instant ravi : j'y ai découvert un autre monde plein de surprises, de sensations nouvelles... une autre cadence aussi. Et puis une foule de possibilités en termes d'équipement (24x36, moyen format, panoramique, sténopé...) et de traitements (couples film/révélateur, procédés de développement...). Je ne dis pas que je ne reviendrai pas au numérique, mais ce sera alors avec un bagage différent, une autre façon de voir les choses.


- Quelle est justement ta position dans le "débat" argentique/numérique ?

Qu'elle soit argentique ou numérique, en principe, une photo reste une photo. Aujourd'hui, bien rares sont les photographes tout argentique : le plus grand support de diffusion étant Internet, tout le monde finit par numériser ses images et les retoucher sur l'ordinateur. En réalité, l'outil n'est pas si important, tout est une question de goût, d'envies, de sensibilité... Personnellement, je trouve l'argentique plus « sensuel », mais ça n'a pas seulement à voir avec le rendu de l'image finale, sinon aussi avec l'émotion, la sensation vécue au moment de la prise de vue, et l'aventure qui s'en suit au laboratoire."

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Son travail, (échantillon ci dessous) est à déguster sans modération sur sa galerie ReflexPhoto.

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Comments

[Flip]

Merci les gars, c'est gentil à vous, je pensais être le seul à m'être lu. François, je peux chanter aussi !! :-)

[Flip]

Merci les gars, c'est gentil à vous, je pensais être le seul à m'être lu. François, je peux chanter aussi !! :-)

[Flip]

Merci les gars, c'est gentil à vous, je pensais être le seul à m'être lu. François, je peux chanter aussi !! :-)

[did24]

Belle approche et point de vue. Un interview intéressant que je ne regrette pas d'avoir lu.

A bientôt

Didier

[François B]

Une interview passionnante ! Je ne savais pas que tu savais parler, en plus de bien photographier...

Amicalement,
François