Cadavre Exquis - Histoire N° 5

CHAPITRE 1 - MAUVAIS REVEIL (Rod42)

Ca ne vas pas bien.
Pas bien du tout.
Depuis mon réveil, (mais suis-je bien sorti du sommeil?) impossible de bouger du lit. Toute tentative pour en sortir se solde immédiatement par une nausée incontrolable et l'impression qu'un petit malin s'amuse à transformer ma cervelle en shushi avec un couteau de chasse.

Pas moyen non plus d'aligner deux souvenirs cohérents de ma soirée de la veille.

o

Tout juste un visage halluciné penché au dessus d'un bol d'où s'échappent des parfums suspects.

o

o

o

o

o

o

o

Et aussi ce masque, que je n'ai sûrement pas rencontré sur les boulevards du 8eme arrondissement.

o

o

o

o

o

o

o

o

o

Même ma chambre est bizarre.
La porte, là. Celle qui est en train de s'ouvrir !
Normalement c'est un mur.

CHAPITRE 2 - LA CHAMBRE (JP)

Une porte ???? Son grincement est insupportable pour ma pauvre tête. Une lueur. Derrière, ces yeux qui me fixent, m’hypnotisent, m’appellent.

Se lever, absolument se lever !

D’un effort surhumain, je pose un pied, puis les deux, par terre. Le sol tangue. Un premier pas. Un second. S’éloigner de cette porte, vite, très vite ! Où est la sortie ? A l’opposé.
Je titube. Il fait sombre. Et les murs, où sont donc passés les murs ? Un grillage poussiéreux m’empêche de progresser. Soleil levant. Mon ombre m’agresse !

CHAPITRE 3 - LE PASSAGE  (Rod42)

Moitié courant, moitié rampant, j'arrive à progresser. Ce que j'avais pris pour la lumière du jour n'est que l'éclat de néons qui projettent un éclairage brutal sur ce qui ressemble bien à un couloir.
La texture du grillage a changé. Les mailles se font plus lâches. Un trou enfin. Derrière, encore un couloir. Mais au bout, une lueur différente qui semble indiquer une possibilité de sortie.

Je mapproche.C'est bien une sortie, enfin si on veut.
Toutes dents dehors, un homme (?) m'y attend:
"Bravo ! Juste à l'heure! Bienvenue ! Notre star est là, on va pouvoir pouvoir commencer le tournage !"

o

o

o

Comprend rien à ce qu'il me raconte.

Les paroles sont amicales, le sourire est accueillant.

Quelque chose me dit pourtant que je devrais quand même me méfier.

o

o

o

o

o

CHAPITRE 4 - SILENCE, ON TOURNE !  (JZB)

Le réalisateur me dit en souriant de me placer dans le corridor pour la scène... Je ne suis pas à l'aise, pas du tout. Cette ambiance est vraiment étrange.

Je me retourne. Le corridor donne sur une chambre de douche à la lueur bizarre. Le rideau de douche luit d'un éclat qui est tout sauf naturel.

Un instant, je me fige: je viens de remarquer qu'une large partie du rideau est tachée de rouge. On dirait.. Du sang de trucage. Enfin, j'espère.

Le réalisateur me tire de mon cauchemar et m'interpelle: "Allez, au boulot, tout le monde en place, envoyer le Gollomile". Une sueur glacée me coule entre les omoplates... "Reculez tous, allez!".

o

o

o

o

o

o

o

o

Il n'y a plus personne autour de moi. Je ne peux plus bouger tant la peur me submerge.

Soudain, il bondit de la chambre de douche... Le Gollomile... Je manque de m'évanouir.

o

o

CHAPITRE 5 - LE COULOIR  (JP)

O

Le moment de surprise passé, ma tension retombe : Je le connais !!
Ce pauvre Gollomide, dire que je l’avais croisé récemment chez des amis. Il était alors en pleine forme, souriant, sûr de lui. Il nous avait même annoncé que son dernier polar allait être publié, et qu’un producteur voulait en acheter les droits ! Le petit cachottier ne nous avait pas dit qu’il participerait au tournage !
L’air hébété, il me bouscule en titubant et s’effondre à mes pieds. « Ca va ?? » Ses yeux, déjà vitreux, me supplient de l’aider. Il a laissé sur le sol une trainée sanglante. Un film ???

Instinctivement je me retourne vers cette douche, faiblement éclairée, dont le rideau est encore secoué de convulsions. Etre plongé dans le noir. Une forme évanescente s’en échappe. Un cri de bête sauvage. Sa silhouette s’amenuise. Je me lance à sa poursuite. Couloir.

Une femme, je crois, s’éloigne en courant, paniquée, nue, indistincte… Elle passe, incognito. Des portes…

La douche, je me retourne. Il est là, derrière moi. Son couteau.

Ca fait comme un éclair dans le brouillard. Il frappe, au hasard ? Etre heureux, avant d’être vieux : une porte, à droite, un saut de coté…

o

o

o

CHAPITRE 6 - LA POURSUITE  (Janick)

O

Il frappe au hasard ? Non, le hasard n'existe pas...

Je plonge dans le brouillard de mes yeux, de mon âme...Enfin, mon fantasme se réalise ! La porte, à droite : là ou sera mon repas, un véritable festin... Une réalité que je ne pouvais même pas imaginer...Je me souviens ce voyage au fin fond de l'Afrique, de ce banquet autour du feu, de l'immense chaudron qui mijotait doucement. Je me revois, choisissant les meilleurs morceaux qui surnageaient dans cette soupe. Les mains, lécher ces doigts si fins, c'était un régal ! Je me rappelle... J'aime...

Déjà, j'imagine ma prochaine victime... Elle vient de passer par cette porte de droite. Je la cherche...Je crois l'avoir trouvée : Une elfe, proche de Paris, petite, fragile, pure. Elle court, innocente. Je ressens déjà son effroi, mon plaisir retrouvé. J'ai hâte ! Je la suis...

o

o

CHAPITRE 7 - MR HYDE AND MR HYDE  (Rod42)

O

…à la fois poursuivant et poursuivi. Dr Jekill définitivement soumis à son double diabolique.
Une dernière étincelle d’humanité tente, en moi, de réveiller les feux de la conscience.

Le bras prêt à frapper finalement s’abaisse et laisse échapper l’arme.

Inconsciente du péril auquel elle vient d’échapper, la petite elfe s’éloigne et disparait.

Epuisé par le combat intérieur auquel je viens de me livrer, je m’écroule sur les pavés disjoints.

Mes yeux se ferment, un maelstrom vertigineux m’emporte toujours plus profondément dans les sombres couloirs de mon esprit malade.
Tétanisés, mes membres se crispent  et se resserrent en position fœtale.
Mes pensées s’amenuisent, se simplifient, se schématisent, dis..pa..rais..sent.
Je ne suis plus qu’instinct et absence de sensations.
Une lueur, comme au bout d’un tunnel. Des mains qui me saisissent et m’extirpent  de la chaude matrice ou je trouvais enfin la sérénité du néant.

Une lumière aveuglante.
Je hurle…
« C’est un garçon  !» - dit une voix « Un vrai braillard ! »

O

A suivre...